L'excès de vitesse était autorisé, hier, aux allées - © Le Bien Public
Dans un final hollywoodien avec un ciel éclairé par l'orage, Samuel
Dumoulin a pris le meilleur sur le plus dijonnais des Américains,
George Hincapie.
Hier soir, le critérium de Dijon avait pris ses quartiers d'été. On ne
sait pas si l'affiche vintage de l'épreuve avec Laurent Mangel avait
attiré plus de partenaires, mais c'est avec une bonne demi-heure de
retard que s'est finalement élancé le paquet de quelque 60 coureurs
pour 2 heures de spectacle.
Un
mal pour un bien, car alors que le mercure baissait tranquillement, les
travées se garnissaient largement après un démarrage freiné par la
chaleur.
Sur le coup de 20 h 20, la course ne tardait pas à prendre
une allure inattendue. Clément Lhotellerie (Skill) et Bouchet
(Landbouwkrediet) s'échappaient avec le Dolois Becquet, qui poursuivait
l'effort devant un peloton clignant d'un œil sévère sur cette fugue
trop précoce.
Tout rentrait dans l'ordre au bout de cinq tours, où
Romain Feillu montrait une première fois son nez. Deux sprints pour le
classement par points plus tard, le porteur du maillot jaune à Nantes
avait déjà pris l'ascendant sur ce classement. Entre-temps on avait vu
les Japonais montrer le maillot à l'avant, Chavanel, Mengin, Salmon,
Simoni ou Mangel s'offrir un petit bain de foule acoustique, mais aussi
les locaux (De Vecchi et Geoffrey Febvay) se glisser dans des groupes
de fugueurs. Une infidélité plus tard, les coureurs pros faisaient la
moue, piégés par les jeunes Mottet (SCOD), Clère (AC Bisontine), ou
Pascual, seulement escortés par le double vainqueur de Troyes-Dijon,
Cédric Pineau (Ag2r).
A la mi-course, l'épreuve s'offrait une
escapade ''so strong'' avec l'Américain Georges Hincapie (Columbia) et
l'Australien Simon Gerrans (vainqueur sur le Tour cette année à Prato
Nevoso, qu'on avait senti en mode envol déjà quelques tours avant.
Puis
un contre ''fortissimo'' avec Bertolini, accompagné entre autres du
Dijonnais Geoffroy et du champion de France, Nicolas Vogondy. Offensive
que Cofidis ne manquait pas de freiner par un forcing efficace du duo
Brard-Demaret qui mettait le peloton en file indienne.
Brigaud insatiable Dumoulin décisifDemaret,
De Vecchi, Mengin et Jalabert se voyaient bien dans la peau d'un
quatuor gagnant, mais il n'en était rien. Car le doux parfum de la
victoire commençait à caresser les narines des ambitieux, et l'allure
s'accélérait avec un frais zéphyr bienvenu.
Florent Brard retrouvait
ses réflexes de rouleur impitoyable pour s'isoler de belle manière en
tête à 8 tours de l'arrivée, Thomas Brigaud et Denis Moretti revenant
bientôt lui donner un coup de main. Mais le peloton rugissait à nouveau.
Et
le coup de grisou arrivait à 6 tours du but, quand une échappée 4
étoiles (Dumoulin, Hincapie, Salmon, Bertolini et Gerrans) emmenait
dans un rush saoulant enfin le peloton les locaux Thomas Brigaud et
Frédéric Finot, et l'invité « surprise » Drouilly.
Une surprise qui
se poursuivait quand le coureur de Jartazi accompagnait Hincapie et
Dumoulin pour la victoire finale, qui revenait au Tricolore, vainqueur
sur le Tour à Nantes, très à l'aise dans le faux plat remontant les
allées. Le plus costaud l'emportait ainsi.
Le Bien Public - Anthony PROST